Jacques Chirac n'est pas du genre à bouder son plaisir. Même s'il
est éphémère. Le chef de l'Etat a invité à la traditionnelle garden-party du 14 Juillet toute l'équipe de France de football et son entraîneur Aimé Jacquet. Le nec plus ultra pour redorer sa cote de popularité qui, avec cette finale du Mondial, «le plus beau jour de sa vie», atteint des sommets inégalés. Pour le bleu à l'âme, il a sa dose avec le quotidien de la cohabitation plébiscitée par l'opinion , un Lionel Jospin au top et une droite qui n'arrive toujours pas à relever la tête malgré la création de l'Alliance. L'année dernière, pas très fringant au lendemain de sa dissolution ratée, Jacques Chirac s'était employé à défendre son pré carré institutionnel. Après avoir souhaité une cohabitation «constructive» avec Lionel Jospin, le président de la République avait revendiqué le droit de dire ce qu'il croyait «bon pour la France», et ceci dans tous les domaines. Loin d'apparaître sur la défensive, il avait choisi un ton offensif. Sur les recommandations de Jacques Pilhan, son conseiller en image, qui vient de disparaître, il n'avait pas manqué de critiquer certains choix gouvernementaux, dont les emplois jeunes et les 35 heures. Depuis, il s'en tient à ce registre, multipliant les réserves et les mises en garde. Mais aussi les satisfecit. Contrairement aux précédentes, cette cohabitation s'annonce longue. Le chef de l'Etat doit donc tout à la fois ménager sa fonction d'arbitre et préparer la reconquête,