Noyon (Oise), envoyé spécial.
Pendant que Noyon fêtait la victoire des footballeurs français, un commerçant pestait: Nico, 35 ans, gérant du Pub 66. Un établissement où l'on affiche ses amitiés pour l'extrême droite. Le patron revendique son appartenance au FN. Provocateur, crâne rasé, c'est un ancien skinhead. Son bar se trouve près de la mairie, rue de la Boucherie... Le soir, la lumière est tamisée, les tables se cachent dans des recoins. Près de l'entrée, une croix celtique. C'est tout pour le folklore: Nico sait rester sobre. «J'ai même interdit les saluts hitlériens: les mecs s'amusaient, mais, après, ils assumaient pas quand j'avais des ennuis.» Pour se lâcher, ses clients vont aux water-closets. Là, ils pissent leur bière et déboutonnent leur racisme. Ils ont souillé les murs et le plafond. Des odes au Front, des sigles nazis, des croix celtiques. Des noms de régiments. Des «A mort les Arabes», une étoile de David maculée... Nico semble très fier d'avoir des chiottes à son image.
«Magouille.» Il n'aime pas trop le foot. Il a quand même regardé la finale dans son bar, avec ses clients habituels. Dans la nuit, ils ont éclusé 140 litres de bière. Pour oublier le résultat? La France qui gagne, ça gâche le fond de commerce lepéniste. «Pour moi, la France a triché, c'est sûr, explique Nico à ses clients. C'est trop louche leur histoire. Ils ne gagnent jamais et là, comme par hasard, ça fait trois à zéro contre des Brésiliens. Faut pas nous prendre pour des cons. De toute f