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Libération
Éditorial

Flou moral

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publié le 27 juillet 1998 à 6h38

Le problème de la mort en milieu hospitalier concerne tout le monde: statistiquement, la probabilité est forte que chacun s'y trouve confronté, pour lui-même ou l'un de ses proches. C'est dire si l'émotion soulevée par le fait divers de Mantes-la-Jolie est compréhensible. Même s'il n'est en rien représentatif de ce qui se passe généralement, il attire l'attention sur le flou juridique et moral qui continue de prévaloir en France sur un tel sujet. Certes, une évolution importante s'est faite et le tabou qui pesait sur la question a commencé à battre en retraite. Confrontés à des situations dramatiques mais quotidiennes, des praticiens ont mené des réflexions, des études sont parues, des repères ont été ébauchés. La pratique a changé énormément, le cadre législatif, lui, n'a pas suivi. Même l'euthanasie passive, massivement (et heureusement) pratiquée dans les hôpitaux français, ouvertement revendiquée, reste assimilée au délit de non-assistance. Même si cette qualification pénale est tombée en déshérence, elle n'en signale pas moins une contradiction et une absurdité dans le dispositif légal. Du coup, chaque service se débrouille un peu comme il peut. S'il n'y a pas de raison de douter de la loyauté avec laquelle l'immense majorité du personnel médical fait face à ses scrupules moraux, il n'en reste pas moins que mourir à l'hôpital comporte une part de loterie dans la façon dont les choses se passent. Beaucoup de futurs usagers des services hospitaliers redoutent plus d'être