«Nommé par décret au Conseil des ministres et révocable dans

l'heure, le directeur de la Cnam a toutes les raisons de s'accommoder de mille absurdités du système qui le dépasse.» Cette petite phrase qu'il a lui-même écrite, Gille Johanet va pouvoir à nouveau la méditer. Selon toute vraisemblance, cet énarque de 48 ans, conseiller à la Cour des comptes, sera nommé demain, par le Conseil des ministres, directeur de la Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs salariés (la Cnam, 16 caisses régionales, 129 caisses primaires en France). L'homme connaît bien ce fauteuil: il l'a déjà occupé de 1989 à 1993 et n'a cessé, depuis, de se passionner pour la santé. Cette nomination intervient presque deux mois après la démission de son prédécesseur, Bernard Fragonard, et alors que les dépenses d'assurance maladie recommencent à déraper, sous les cendres encore chaudes du plan Juppé. Dans son dernier livre, Sécurité sociale: l'échec et le défi (1), Gilles Johanet le disait tout cru: «Le système est fou.» Il affirmait aussi que «nulle autre politique publique ne présente un bilan aussi calamiteux». Conclusion: où bien Johanet est maso, ou bien il est piqué du virus. Les deux à la fois, peut-être.

Le choix de Martine. Sans nul doute, il connaît son dossier. C'est lui qui a mis en place les premiers accords de maîtrise médicalisée, à la fin de 1991, avec les biologistes et les cliniques privées; qui a inspiré les travaux sur le sujet de René Teulade, ministre des Affaires sociales