Quatre heures: c'est le temps qu'ont consacré hier quelques milliers de fidèles de la communauté catholique intégriste de Mantes-la-Jolie (Yvelines) à la messe d'enterrement de trois des quatre scouts morts noyés la semaine dernière au large de Perros-Guirec (1). L'occasion, avant tout, pour l'officiant de se livrer, sous les ogives de la collégiale Notre-Dame prêtée par le curé, à un plaidoyer pro domo. «Votre présence témoigne de notre unité dans la foi et dans cet idéal commun représenté par ces drapeaux et ces uniformes qui portent nos valeurs», a proclamé l'abbé Bouchacourt, qui concélébrait la messe en latin selon le rite dit de saint Pie V: liturgie traditionnelle en latin, chapes diaprées, et communion reçue à genoux.
Les zélateurs de feu Mgr Lefebvre voulaient aussi donner l'image d'une communauté soudée. A preuve, la présence de Dominique Henry, avocat de l'abbé Cottard incarcéré, venu montrer que les familles des victimes n'avaient aucun ressentiment envers celui qu'elles s'évertuent à présenter comme «un père pour les enfants». Pour cet avocat ému aux larmes, car ses enfants étaient amis des défunts, «la sévérité de la justice contre le prêtre est caractéristique d'une société qui ne peut pas comprendre l'attitude de ces familles, puisqu'elle a perdu toute relation avec le surnaturel».
Pour l'un des abbés officiants, le sermon fut également l'occasion de jouer le rapport de force de force avec l'Eglise officielle qui, depuis le schisme et l'excommunication de 1988,