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Libération
Portrait

Claude Sérillon, 47 ans.

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Après onze ans de placardisation, il succède à Daniel Bilalian au journal télévisé de France 2.
publié le 19 août 1998 à 7h56

On le sent sur ses gardes, spectateur de lui-même. Claude Sérillon se montre équanime. Trop. Son éviction du 20 heures en 1987? «Ça me paraît loin"» Ses onze ans de placardisation? «Une période riche et féconde"» Son engagement à gauche? «Autrefois, je parlais trop"» Le visage balance toujours entre air de premier communiant et de garçon coiffeur. L'oeil, lui, a perdu en facétie. Sérillon s'évertue à polir son image, détachée et très lisse. Assez éloignée de ce que relate l'entourage: depuis onze ans, il ne pensait qu'à ça, revenir au 20 heures, une obsession, le Graal du journaliste télé. C'est fait.

A 47 ans et vingt-cinq années de télé, Claude Sérillon a connu des hauts très hauts et des bas bien bas. De là, peut-être, une propension à basculer de l'exaltation à la mélancolie, l'une et l'autre excessives. «Pas une carrière linéaire, pas d'ascension permanente», enjolive-t-il. Un parcours enrayé d'abord sous Giscard: sa revue de presse sur l'affaire des diamants est censurée puis supprimée. «Je suis devenu porteur d'un symbole à mon corps défendant», analyse Sérillon, dix-neuf ans plus tard. Le symbole de l'emmerdeur de gauche, l'image d'un petit coq, l'incarnation de la Deux, chaîne frondeuse d'alors. Il porte à l'époque ses convictions en bandoulière. Aujourd'hui, il n'en revendique qu'une seule: la lutte contre la peine de mort. S'il concède avoir été «fasciné» par Mitterrand, il se dispense de tout droit d'inventaire, car, dit-il: «Je ne suis pas historien.»

En 1984, c'e