Après la liste BHL en 1994, une liste Bourdieu aux européennes de 1999? Chevènement déjà moque l'adversaire: «Bourdieu, j'en pense ce que Staline pensait du pape. (1)» La rumeur court ainsi depuis des semaines. Venue d'on ne sait où. D'une extrême gauche en mal de locomotive médiatique ou de la gauche au pouvoir désireuse de jeter le trouble à son extrême? Chacun se renvoie la balle.
L'intéressé, lui, éructe. Et veut y voir, une nouvelle fois, mauvaise manière des «journalistes». «Quel est votre rôle exact dans cette liste "gauche de la gauche qui se constitue, dit-on, sous votre parrainage pour les prochaines élections européennes?» lui demande Télérama, le 12 août, au détour du «grand décryptage» d'été opéré par le sociologue au prétexte de la promotion de sa dernière livraison, la Domination masculine. «Tout ça n'est qu'invention, malveillante le plus souvent, de journalistes, répond-il. Nous avons parlé (2) d'une "gauche de gauche (et non de la gauche), c'est-à-dire, tout simplement, d'une gauche vraiment de gauche, d'une gauche vraiment respectueuse des promesses qu'elle a faites pour obtenir les suffrages des électeurs de gauche en matière de droits accordés aux étrangers ou aux homosexuels, par exemple. ["] De là à inventer que des chercheurs dont ce n'est pas le métier vont s'engager dans la lutte politique, il n'y a qu'un pas.» Ce pas, le sociologue n'entend donc pas le franchir. Il se veut hors du jeu politique et en veut au «champ journalistique», qui, assure-t