Jean Glavany, vice-président socialiste de l'assemblée nationale,
est président de la commission d'enquête parlementaire sur l'utilisation des fonds publics en Corse.
Quel message vouliez-vous faire passer dans ce rapport?
Nous avons voulu défendre la thèse de la coresponsabilité, à la fois de l'Etat et de certains Corses et de certains élus. C'est une réalité objective: il y a eu de la part de l'Etat de tels tête-à- queue, de tels zigzags, que le résultat est catastrophique. En toute bonne foi, trop de gouvernements ont cru que l'on pouvait acheter la paix civile à coups de négociations secrètes, de dérogations fiscales, d'effacements de dettes, d'amnisties excessives. Or, l'analyse depuis trente ans montre qu'au contraire ils ont envenimé le mal. Car en face de ces gouvernements, certains préparaient aussitôt la prochaine alternance et la prochaine surenchère. On a mis en place l'engrenage d'un incroyable laisser-faire, dont on paie les pots cassés. Parallèlement, il y aussi la responsabilité des Corses. D'une minorité de Corses. Les fidélités villageoises ou familiales, la loi du silence, la passion des armes et de la violence, la tradition de vengeance, tous ces principes tournent le dos aux fondements de la République. Nous avons voulu pointer ces aspects de manière aussi dure que possible. Et mettre en évidence l'émergence d'un système pré-mafieux, de réseaux quasi mafieux.
Ces réseaux restent-ils présents dans l'appareil d'Etat?
Il est évident qu'ils essayaient d'avoir des