Le débat sur la crise financière, ils s'en moquaient comme d'une
guigne. C'est pour Dominique Strauss-Kahn que 300 militants et sympathisants du PCF s'agglutinaient à l'«agora» de l'Humanité. Non sans animosité: un concert de huées a salué l'arrivée du ministre de l'Economie et des Finances. Ils ont attendu la parole, monopolisée pendant plus d'une heure par une poignée d'experts, puis ne l'ont plus lâchée. «On doit parler du chômage», hurle un militant. «Je mettrai le doigt dessus avant de clore ce débat», rassure le député européen Francis Wurtz. «J'y mettrais plutôt la main, moi!», rétorque le tee-shirt «SOS chômage», soutenu par une vague de rires. Décalage. Ce week-end, 400 000 personnes se sont pressées au parc de La Courneuve (Seine-Saint-Denis), où se tenait durant tout le week-end la fête de l'Humanité. Un peu moins de monde qu'attendu. A cause de la pluie, qui n'a cessé de tomber? Ou à cause des difficultés d'un Parti communiste de plus en plus gêné par sa participation au gouvernement? Invité par Robert Hue et symbole de ce «social-libéralisme» (l'intéressé parlerait plutôt de «social-pragmatisme») honni par le PCF, Dominique Strauss-Kahn a pu, samedi après-midi, mesurer in vivo l'ampleur du décalage entre le discours du gouvernement et les attentes du peuple communiste.
Un militant le prend à parti: «Monsieur le ministre, je vis dans une cité, et on sait que le chômage ne baissera jamais assez pour que les mecs retrouvent un travail. La précarité est une réalité.