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Libération

En Picardie, scènes de huis clos avec FN. L'alliance droite-FN, qui domine le conseil régional depuis six mois, a peu à peu vicié les rapports entre tous les élus.

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publié le 22 septembre 1998 à 9h28

Amiens, envoyé spécial.

Il y a six mois, l'UDF Charles Baur se faisait réélire président du conseil régional de Picardie grâce aux voix du Front national. Depuis, l'air bonhomme et la voix douce, il préside. Pendant les séances, il mâchouille une branche de ses lunettes et observe, sans prise sur les événements, son assemblée paralysée. Les conseillers s'insultent dans une ambiance poisseuse. Les allusions à l'Holocauste se succèdent. Retour sur six mois édifiants, en dix saynètes picardes.

1. Gauches sourires Vendredi 20 mars, Amiens. Brasserie La Coupole, face au conseil régional. La gauche plurielle est réunie pour boire un verre. Charles Baur vient d'être élu grâce à un stratagème du FN. Quatre conseillers de droite avaient annoncé qu'ils s'abstiendraient au troisième tour pour ne pas mêler leurs voix à celles du FN. Pour contourner le danger, le président du groupe FN, Pierre Descaves, s'est présenté au deuxième tour, en clamant qu'il n'avait pu s'entendre avec Baur. Les quatre conseillers hostiles ont voté Baur. Victimes d'un leurre: les onze voix du FN se sont également portées sur le président sortant. La gauche a hurlé au hold-up.

Dans l'intimité relative de La Coupole, on commente l'entente, que beaucoup prévoyaient. Certains sont déconfits, pâles après la séance. Les nouveaux surtout. D'autres restent souriants. Un des participants explique: «Quelques-uns étaient carrément joyeux. Ils nous ont expliqué qu'après ce vote, la gauche allait emporter la plupart des canto