Le calumet de la paix a été fumé samedi matin, à la Lanterne,
résidence privée des Premiers ministres près de Versailles. Pendant deux heures et demie, Lionel Jospin, Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn ont arrêté, dans une ultime réunion, leur position sur une réforme des cotisations patronales. Il était temps: ce matin, la ministre de l'Emploi et de la Solidarité dévoile les grandes lignes de son projet de loi de financement de la Sécurité sociale (le «PLFSS») devant un parterre d'experts réunis dans le cadre de la commission des comptes de la Sécu. L'exercice est rituel mais jamais simple. Cette année encore, en plus du plat de résistance que constitue la maîtrise des soins de santé, la polémique a été vive sur l'opportunité de mener une réforme des cotisations patronales. Depuis deux mois, Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn se sont livrés à une sourde lutte sur la question, réforme nécessaire dès aujourd'hui pour l'une, prématurée pour l'autre. Samedi, la troïka du gouvernement a soigneusement mis au point son discours. Chaque mot a été discuté. In fine, et comme prévu, Martine Aubry se contentera d'une déclaration d'intention dans le projet de loi, sans calendrier précis. Jospin n'a pas souhaité aller plus loin. «Nous n'avons pas une vision claire des équilibres financiers au terme de 1999», justifie l'un de ses proches. «Signe politique fort». Reste le principe. Le gouvernement devrait affirmer sa volonté d'aller vers une telle réforme, sur les bases suivant