Dieppe, envoyés spéciaux.
«Lionel Jospin te cherche.» Au téléphone, depuis Matignon, le Premier ministre veut joindre Alain Bocquet. A l'hôtel de ville de Dieppe, hier, le président du groupe communiste à l'Assemblée nationale vient juste de prononcer le discours d'ouverture des journées parlementaires du PCF. Une petite phrase de son discours a mis le chef du gouvernement en émoi: «On peut s'interroger si la stratégie présidentielle de Lionel Jospin ne conduit pas à certaines mesures timorées en matière économique ou sociale en vue de rassurer une droite dite modérée et une partie du patronat. C'est faire fausse route.» Alain Bocquet a simplement dit tout haut ce que la direction communiste murmure depuis plusieurs mois. Quand l'Agence France Presse se fait l'écho de ces propos, Lionel Jospin s'empresse de faire la leçon à Alain Bocquet. Il lui explique qu'il n'a «pas de stratégie présidentielle». Il est des sujets sur lesquels le chef du gouvernement est chatouilleux. D'autant que le député du Nord, s'il s'est voulu mesuré dans ses propos, n'en a pas moins appuyé là où ça fait mal: «Le rythme de l'action gouvernementale et le choix des priorités législatives ne sont pas satisfaisants. Il ne suffit pas de dire que les Français n'attendent ni précipitation ni improvisation.» Une réponse directe à Lionel Jospin, qui, à La Rochelle, fin août, ne souhaitait «ni pause ni accélération» dans la mise en oeuvre des réformes.
S'il a critiqué l'action suivie par le gouvernement, le pat