Il avait injurié l'un, jeune habitant de Mantes: «Je vais te faire
courir, rouquin, pédé.» A l'autre, militant socialiste, il avait lancé des coups de poing, de pied. Et puis, il avait «agrippé» une troisième par le col de sa robe et l'avait «secouée violemment». C'était Annette Peulvast-Bergeal, maire socialiste de Mantes-la-Ville (Yvelines), dont la télévision a diffusé et rediffusé le visage épouvanté devant Jean-Marie Le Pen. L'incident, le 30 mai 1997, s'est soldé par dix-huit griffures, trois jours d'ITT (interruption temporaire de travail) et l'élection de la socialiste à l'Assemblée nationale. La fille, Marie-Caroline Le Pen, candidate dans cette circonscription, a été battue. Le père est aujourd'hui menacé d'inéligibilité. «Un tel comportement, provocateur et agressif, est manifestement indigne d'un homme politique et président d'un parti», a jugé, le 2 avril 1998, le tribunal correctionnel de Versailles, qui a condamné Jean-Marie Le Pen à trois mois de prison avec sursis, 20 000 francs d'amende et deux ans de privation de ses droits civiques, civils et de famille.
«Aucune importance». Seize mois se sont écoulés depuis les faits. Ils sont difficiles à reconstituer. A l'audience correctionnelle, Le Pen avait déjà tout nié en bloc, puis il a fait appel du jugement. Hier, devant la cour d'appel de Versailles, il va à la barre, droit, et lance: «L'incident Peulvast est terminé, il n'a eu aucune importance.» Seuls comptent, pour lui, les deux ans de privation de ses droits