Menu
Libération

Europe: le vertige du socialiste tout-puissant.Au pouvoir dans presque tous les pays de l'Union, la gauche planche sur l'emploi.

Article réservé aux abonnés
publié le 5 octobre 1998 à 13h18

Un peu de Prozac dans le champagne. C'est le cocktail des

socialistes européens qui glissent rapidement de l'allégresse au vertige, de l'euphorie d'une Europe rose à l'angoisse d'être au pied du mur. Samedi, lors de la table ronde des partis socialistes organisée à Paris sur le thème «L'Europe de l'emploi», la question était dans toutes les têtes: comment ne pas rater cette fenêtre historique au moment où des «bruits sinistres» de récession se propagent? François Hollande, premier secrétaire du PS, joue à la franchise: «Avant, il se trouvait bien un chancelier ou un Premier ministre conservateur pour que nous puissions dire: "Nous aurions voulu mais nous n'avons pas pu. Même si cela n'était pas vrai.» «Nous sommes sous les feux de la rampe», souligne l'Allemand Rudolf Scharping, venu en coup de vent pour ne pas rater chez lui la distribution des portefeuilles ministériels. Sinistre, Edith Cresson, commissaire européenne, s'interroge à voix haute: «Combien de temps tiendrons-nous?»

Lionel Jospin s'est arrêté sur ce «nous» qui recouvre un Blair en quête de troisième voie, une coalition italienne dirigée par un ex-chrétien-démocrate, un Schröder qui fait campagne au centre puis qui négocie avec les Verts, ou encore une cohabitation à la française. «Nous ne sommes pas identiques, nous sommes divers, mais nous sommes proches. Il n'existe donc pas à mes yeux une homogénéité social-démocrate, mais une diversité de gauche.» Une foison de gauches plurielles. L'emploi, donc. Toutes l