Tous pour la baisse des impôts! Naguère abandonnée à la droite, la
cause est maintenant embrassée par la gauche. Il y a quelques années, le clivage était plus lisible: la gauche défendait la solidarité, la droite la liberté individuelle. La gauche s'abstenait donc de dénoncer l'impôt (qui, par définition, finance les dépenses choisies collectivement) alors que la droite exigeait la baisse des prélèvements obligatoires. Depuis quelques années, le brouillage est devenu complet. Sous Juppé, jamais les prélèvements n'ont été relevés aussi massivement en si peu de temps (80 milliards de francs au total). Avec le gouvernement Jospin, jamais une équipe de gauche n'a autant insisté au moins en parole sur sa volonté de faire reculer les prélèvements obligatoires. Bercy ne manque pas une occasion de vanter ses 16 milliards de cadeaux fiscaux pour 1999. Et à peine le nouveau chancelier Gerhard Schröder a-t-il annoncé une baisse de l'impôt sur le revenu que le ministre du Budget Christian Sautter s'est empressé d'indiquer que la volonté française était «la même». D'autres, comme Laurent Fabius, Jean-Marie Bockel ou Edith Cresson, ont même fait de la réduction de la fiscalité leur cheval de bataille politique: «La gauche moderne doit savoir baisser les impôts et les charges», a lancé dès juin le président de l'Assemblée nationale, avant de répéter ce thème à l'envi. Les économistes «keynésiens», qui croient que les Etats ont les moyens, par leur politique budgétaire, de relancer l'é