L'offensive, hier, était double. A 9 heures, Pierre Joxe, président
de la Cour des comptes, entame la lecture de son rapport sur la Sécurité sociale. Ce «budget bis» comme il l'appelle, avec ses 2 000 milliards de francs auxquels le Parlement va consacrer «deux jours» à la fin du mois, quand le budget de l'Etat 1 700 milliards nécessite «des semaines» d'examen. «C'est beaucoup d'argent et l'écart va encore s'accroître», souligne-t-il. A peine une heure plus tard, à l'autre bout de Paris, Gilles Johanet, le directeur de la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam) anime un conseil d'administration consacré à la «chasse au gaspi». Dans un document de 24 pages, il présente ses «orientations stratégiques» censés faire «le tri entre l'utile et l'inutile» et sortir l'assurance maladie de son «image médiocre ["] fragilisée par l'annonce d'un "trou sans cesse renouvelé». Coïncidence de calendrier, paraît-il. Mais, de part et d'autre, un même message: la rigueur appliquée aux mauvaises dépenses, qu'il s'agisse des prothèses dentaires (lire ci-contre) ou de l'offre pléthorique de soins. Et un même qualificatif utilisé: «opacité».
Joxe et Johanet, socialistes tous deux, se connaissent bien. Avant d'être rappelé fin juillet à la tête de la Cnam (poste qu'il avait déjà occupé de 1989 à 1993), Johanet était conseiller à la Cour des comptes. Il y a supervisé, avec le plus grand soin, l'élaboration du rapport sur la Sécurité sociale présenté hier, qui, pour la première fois, analyse l