Lionel Jospin est un homme prévoyant. Disposer, d'ici à quelques
mois, d'un missile en état de marche, pointé sur Jacques Chirac, cela peut toujours servir. C'est du moins ce qui ressort du plan en cours d'élaboration à Matignon à propos du projet de loi limitant le cumul des mandats. La manoeuvre vise, pour le Premier ministre, à trouver une sortie «par le haut» à une réforme à fort contenu symbolique et politique, mais qui trouve sur sa route l'hostilité décidée du Sénat. Officiellement, le mot «référendum» n'a jamais été prononcé par le chef du gouvernement. Mais «rien n'est exclu», et l'hypothèse n'est pas taboue à Matignon. Mèche. Si le Sénat persistait dans son refus, «nous en appellerions à l'opinion publique pour la mobiliser», indiquait jeudi François Hollande, le patron du PS. Certains députés socialistes voudraient même allumer la mèche dès cette semaine. Pour le coup, c'est aller un peu vite en besogne: en l'état actuel, le but recherché est plus d'agiter la menace, de prendre les Français à témoin, que de passer à l'acte.
C'est l'approche de l'examen du texte par les sénateurs, à partir de demain, qui a accéléré les cogitations. En tant que loi organique, toute limitation du cumul des mandats doit, pour être applicable aux sénateurs, être votée dans les mêmes termes par l'Assemblée et le Sénat. Lequel, de facto, dispose d'un véritable droit de veto. Qu'il compte bien mettre à profit. La semaine dernière, sans surprise, la commission des lois de la Haute Assemblé