Les papys du Sénat font de la résistance. Ils veulent bien que le
gouvernement restreignent le cumul des mandats, mais pas trop. Hier, dès l'ouverture du débat sur les deux projets de lois interdisant à un parlementaire (député ou sénateur) d'être maire, président de conseil général ou régional, la droite de la Haute Assemblée a sonné la charge: «On porte atteinte à l'équilibre. Nous aboutirons à un bouleversement des assises de la vie politique, a expliqué d'emblée Jacques Larché, président (RI) de la Commission des lois. Un autre système se profile, même une autre République», a-t-il pronostiqué. De fait, la Commission des lois a largement vidé de sa substance le texte du gouvernement, adopté en mai par l'Assemblée nationale. Elle a opté pour la possibilité d'exercer un mandat national et une fonction exécutive ou deux mandats locaux. C'est un peu court. Alors, pour éviter d'être taxée de «ringarde», le majorité du Sénat tente la contre-attaque: les quatre groupes de droite ont l'intention de déposer une proposition de loi rendant incompatibles les fonctions de ministre avec toutes les fonctions électives locales. Réponse du berger à la bergère. Poker menteur. Le gouvernement connaissait cette résistance. Pas pris au dépourvu, il s'était préparé au bras de fer. Avec dans son arsenal une arme quasi atomique: si le Sénat refuse de se plier à une restriction drastique du cumul des mandats, Lionel Jospin pourrait proposer au chef de l'Etat d'organiser un référendum sur le suje