Le dépeçage a débuté. Consciencieusement, les sénateurs ont commencé
hier à vider de leur substance les projets de lois anticumul du gouvernement. En fin d'après-midi, ils ont adopté par 194 voix (RPR-UDF-DL) contre 102 (PS-PCF), un premier projet (organique), totalement dénaturé. Dès l'article 2 du texte, ils avaient sorti le bistouri, supprimant d'un coup l'incompatibilité entre un mandat parlementaire et l'exercice de la fonction de président de conseil régional, général ou maire. Autant dire qu'il ne reste rien du projet adopté en mai par l'Assemblée nationale. Néanmoins, pour tenter de démontrer qu'elle n'est pas si «ringarde» que ça, la majorité de droite a adopté un amendement qui interdit à un parlementaire de siéger simultanément dans un conseil général ou régional et dans un conseil municipal d'une commune de plus de 3 500 habitants. «C'est un petit pas, qui n'est pas à la hauteur des changements», a expliqué, un rien désabusé, Jean-Jack Queyranne. Le ministre de l'Intérieur par intérim a encouragé les sénateurs à faire «encore un petit effort»: d'après ses calculs, sur 321 élus au Palais du Luxembourg, 152 s'appliquent déjà la règle de non-cumul que propose le gouvernement.
Sur le fond, la droite n'a pas bougé d'un iota. Voulant «maintenir un équilibre français», le président de la commission des Lois, Jacques Larché (RI, Seine-et-Marne), a martelé dans l'hémicycle que «le législateur ne doit pas être coupé de tout lien avec le terrain. ["] La diversité est sourc