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Interview

L'ultime repère d'une génération qui n'en a plus.

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«Repoussoir» ou «vote de la désespérance», Le Pen est le symbole politique de la jeunesse, explique la politologue Anne Muxel.
publié le 30 octobre 1998 à 12h55
(mis à jour le 30 octobre 1998 à 12h55)

Chercheur au Centre d'études sur la vie politique française

(Cevipof), Anne Muxel est spécialiste des mobilisations de la jeunesse. Elle analyse la «vigilance» de la «génération anti-Le Pen».

De manifestations en concerts, l'antilepénisme semble être devenu un élément essentiel de la politisation de la jeunesse ?

Le FN est devenu un repère omniprésent, une balise essentielle pour le positionnement politique des jeunes. Ils s'en servent comme repoussoir pour se construire une identité politique, d'une certaine façon négative. Celle-ci se bâtit par rejet de quelque chose, en l'occurrence les idées racistes, tradionalistes et nationalistes du FN, plutôt que par adhésion à un parti politique. C'est plutôt une mobilisation spontanée, une opposition permettant de forger des référents pour se situer en politique, qu'un engagement au sens propre.

Elle ne débouche pas forcément sur une adhésion politique ? Si certains militants associatifs, par exemple de SOS Racisme, ont rejoint les partis traditionnels, il n'y a pas d'engagement automatique. Cette classe d'âge veut montrer surtout sa vigilance, toujours en éveil, prête à se manifester dès qu'il y a un propos ou un acte racistes. Il y a une reconnaissance générationnelle dans l'opposition au FN. Néanmoins, ces jeunes n'arrivent pas à établir de réelle correspondance entre les valeurs qu'ils défendent et ce que leur proposent les partis dits classiques. C'est une mobilisation libre, engageant leur individualité, le