Les trois semaines de pénitence infligées au Pacs auront au moins
servi un camp: la droite familialiste, celle qui s'estime propriétaire des «vraies» valeurs familiales. Le retour du Pacs, cet après-midi, devant l'Assemblée nationale va lui donner l'occasion de rejouer les grands moments qu'a connus l'hémicycle lors des débats sur le divorce, l'IVG ou la dépénalisation de l'homosexualité. Cette droite qui se réclame ouvertement du catholicisme va accaparer le débat parlementaire au détriment des opposants laïques.
Le 9 octobre au matin, en présentant sa proposition de loi, le rapporteur (MDC) Jean-Pierre Michel déplorait «la croisade des communautés religieuses, leur vision rétrograde des moeurs, de l'homosexualité»... Quelques heures plus tard, Christine Boutin (UDF-FD) brandissait sa bible, et, lors du vote de la motion d'irrecevabilité, fatale à la première mouture du Pacs, plusieurs députés «refondateurs» de l'opposition arboraient des tee-shirts «Pacs Out», ceux-là mêmes que les associations catholiques extrémistes avaient fait confectionner pour leur manifestation «anti-Pacs», devant le Palais-Bourbon. Tous, à droite, s'honoraient pourtant d'avoir laissé parler en leur nom Jean-François Mattéi (Démocratie libérale). Un catholique pratiquant certes, mais aussi père des lois bioéthiques, et, à ce titre, bête noire des ultracatholiques. Lui avait su user d'arguments laïques et éthiques pour dépecer le Pacs en défendant la motion d'irrecevabilité (lire l'interview page 13).