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Libération

En visite au Chemin des DamesJospin honore les mutins de 1917.

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publié le 6 novembre 1998 à 15h59

Dans un geste rare, Lionel Jospin a salué hier la mémoire des poilus

qui s'étaient mutinés en 1917. Visitant le Chemin des Dames, le lieu de l'une des plus grandes batailles de la Première Guerre mondiale, à Craonne (Aisne), le Premier ministre a souhaité que «ces soldats, fusillés pour l'exemple, au nom d'une discipline dont la rigueur n'avait d'égale que la dureté des combats, réintègrent aujourd'hui, pleinement, notre mémoire collective». «Certains de ces soldats, épuisés par les attaques, condamnés à l'avance, glissant dans une boue trempée de sang, plongés dans un désespoir sans fond, refusèrent d'être sacrifiés», a ajouté le chef du gouvernement.

Ces propos sont un tournant dans la perception officielle de la Première Guerre mondiale. Jusqu'à présent, aucun responsable gouvernemental n'avait osé rendre ainsi hommage à des «mutins», qui choisirent de désobéir aux ordres de leurs supérieurs. Le 28 octobre, sollicité sur ce thème par Libération, le secrétaire d'Etat aux Anciens Combattants, Jean-Pierre Masseret, refusait encore l'idée d'un hommage officiel à ces hommes. Le 9 avril 1917, le général Nivelle lance une offensive au Chemin des Dames contre les positions fortifiées allemandes. La percée est impossible et le massacre épouvantable: plus de 200 000 morts côté français. Des unités entières cessent d'obéir à des ordres jugés imbéciles. Les soldats se révoltent non pas contre la guerre, mais contre la manière dont elle est conduite.

Selon l'historien Guy Pedroncini, au