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Libération

Le tabou brisé par un livre. Sans le vouloir, Deviers-Joncour a chargé l'accusation.

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publié le 10 novembre 1998 à 16h11

Roland Dumas a gagné six mois. Le 29 avril dernier, la mise en

examen du président du Conseil constitutionnel n'avait guère ému les milieux politiques. Ils se réveillent maintenant, quand les proches de Roland Dumas s'escriment à le disculper. Avec son livre, la Putain de la République, Christine Deviers-Joncour a, sans le vouloir, brisé un tabou, et chargé l'accusation. Celle que la presse présentait comme l'«ex-amie» de Dumas s'est elle-même décrite en «ex-maîtresse».

Ces mots, bons pour la romance, recouvrent une réalité judiciaire. Dès le mois de décembre, la question est posée en termes crus à Deviers-Joncour par la juge Eva Joly. Maîtresse? Christine répond par l'affirmative. Elle a perçu des fonds, 66 millions de francs en tout, par la grâce de son amitié, ou de sa relation amoureuse, avec l'ex-ministre des Affaires étrangères. Il s'agit de commissions internationales, payées par Elf-Aquitaine, dans le cadre d'un contrat occulte entre des dirigeants d'Elf et le groupe Thomson, qui souhaite, alors, débloquer la vente de ses frégates à Taiwan. Christine se rend d'ailleurs au siège de Thomson pour deviser de ce contrat international. Elle accompagne aussi Roland Dumas dans certains voyages diplomatiques, y compris celui en Chine qui verra la signature d'un accord avec Pékin permettant la vente des frégates à Taiwan.

La publication par Paris-Match de l'album photo de l'idylle complète la romance. Christine et Roland sur la plage, sur le yacht, dans la forêt": contrairement