Retard à l'allumage ou enterrement discret? En repoussant au
printemps la réforme de la taxe d'habitation, «impôt le plus injuste du pays», selon l'expression consacrée par Dominique Strauss-Kahn, le gouvernement a semé le doute dans les esprits. Lionel Jospin avait donné son imprimatur au projet.
Municipales de 2001. Mais l'expérience Pacs a rappelé le gouvernement à la prudence: mieux valait temporiser plutôt que risquer une nouvelle rébellion parlementaire. Et celle-ci menaçait: par le truchement de Didier Migaud, rapporteur (PS) du budget à l'Assemblée, les élus ont fait savoir qu'il n'était pas question d'amorcer ce débat avant d'avoir en main des simulations concrètes circonscription par circonscription sur les conséquences financières du projet pour leurs concitoyens. Une requête compréhensible: la révision promise des bases locatives risque de secouer sévèrement une partie substantielle des 25 millions de contribuables concernés par la réforme" et ce, à la veille des municipales de 2001.
Equité. A priori, la majorité est pour la réforme de la taxe d'habitation. Affaire d'équité: aujourd'hui, l'occupant d'un appartement haussmannien, vétuste en 1970 (dernière révision des valeurs cadastrales) mais totalement réhabilité depuis, acquitte en effet une taxe d'habitation inférieure à l'occupant d'une HLM voisine, dont la modernité a trente ans" Toutefois, rectifier le tir est aussi politiquement correct que techniquement périlleux. La taxe d'habitation étant un impôt