Le dossier a mûri lentement, avec précaution. Depuis un an, le
gouvernement planche sur la couverture maladie universelle (CMU), qui doit assurer aux pauvres l'accès aux soins, sujet plus polémique qu'il n'y paraît: mutuelles et assurances devraient être conviées à prendre pied dans un domaine qui relevait jusqu'ici de la seule solidarité nationale. Soit l'introduction du loup dans la bergerie, crient certaines associations" Le problème, en effet, n'est pas tant de garantir l'accès au régime de base de la Sécu pour 150 000 exclus que de permettre à 7 millions de précaires de mieux se soigner. Bien que disposant de (maigres) revenus, ces personnes renoncent à toute une série de dépenses médicales, faute d'une couverture complémentaire. Or, en la matière, Lionel Jospin a les idées bien arrêtées. Il faut «tourner le dos à l'assistance», répète le Premier ministre, pour qui les plus démunis ne doivent pas dépendre d'un régime spécifique mais «rentrer dans le droit commun». C'est, dans son gouvernement, une obsession, relayée par une partie du PS. «L'intégration passe par le droit commun», affirme un député. «Choix lourds». D'où l'idée de bâtir, dès l'âge de 16 ans, un seul système pour tous: un régime de base et une complémentaire, comme c'est le cas pour les salariés. Exit, donc, le ticket modérateur ou encore l'aide médicale gratuite gérée jusqu'ici par les départements. La «réforme doit permettre aux personnes en situation de précarité de se faire soigner comme les autres», é