Elle a bon dos, la paix de Versailles. Sa «folie revancharde» aurait
amené Hitler au pouvoir. Pas de quoi, pour le nouveau chancelier allemand, célébrer une victoire qui a eu ce beau résultat. Si la «deuxième mémoire» de Laurent Joffrin a fini par évacuer la «première» (Libération du 11 novembre), celle de la victoire sans tache, c'est tant mieux. Il faut oublier 14-18.
Fini la catharsis romantique Mitterrand-Kohl devant Verdun, la main dans la main, symbole de «l'axe Bonn-Paris» inventé par de Gaulle et le maire de Cologne, Adenauer. De cet ossuaire-là du moins, l'Allemagne ne se sent plus comptable. La France s'en arrange en célébrant les mutins, en niant la guerre, en rêvant d'une guerre qui n'aurait pas éclaté. Deuxième catharsis, tombée comme un tonnerre des téléscripteurs de Matignon, comme les tracts de Jacques, le héros de Martin du Gard, sur les lignes franco-allemandes d'août 1914: la guerre de Troie n'a pas eu lieu. Il n'en reste que les témoins négatifs, les seuls valables et dignes de figurer dans les mémoires. Fermez le ban.
Versailles mène le bal infernal qui conduit à la deuxième guerre, ou à la reprise de la guerre. C'est trop vite dit. Quand Hitler arrive, Versailles est déjà révisé. Un «axe Briand-Stresemann» est en place depuis 1925, il aboutit à Locarno. Les Américains, qui n'ont pas signé le traité mais conservé tous leurs intérêts (par exemple ceux de la General Motors) dans les affaires allemandes, ont réglé les plans Young et Dawes d'apurement des répar