La barrière n'est pas gardée. Frontière trouée de mille passages qui n'ont rien de sentiers clandestins. Alors, Henri Emmanuelli l'a enjambée. Il est passé de la politique, dont la justice l'a chassé, à la presse, dont il n'a cessé de rêver. Assis dans ses bureaux de la rue toujours encombrée du Sentier à Paris, entre des murs nus où tables et chaises ont l'air d'hésiter à prendre racine, il reconnaît: «J'ai eu une relation difficile avec les médias depuis le début de ma vie politique. Une relation entre conflit et fascination.» Qui du conflit ou de la fascination a présidé à l'acte de naissance du Quotidien de la République, aujourd'hui dans les kiosques? Henri Emmanuelli ne répond pas clairement. Il a probablement du mal à se départager lui-même. Mais cet homme-là est aujourd'hui un livre ouvert. Il a prévenu sa jeune équipe: «Attention, ma véhémence ne veut pas dire colère.» La précision se veut rassurante, c'est qu'avec Henri Emmanuelli on a très vite le sentiment de se faire engueuler. «Je suis le fils de l'ours, du tonnerre et du feu», a-t-il dit un jour à l'un de ses collaborateurs. Depuis, l'ours s'est retrouvé dans les pattes d'une justice débridée, le tonnerre pris dans une dépression, et le feu attisé par le crépitement des flashes. En décembre dernier, la Cour de cassation rejetait le pourvoi de l'ancien trésorier socialiste, condamné, dans l'affaire Urba, à deux ans de privation de ses droits civiques. Une nouvelle mise en examen est tombée le mois dernier sur u
Portrait
Journal d'un privé de campagne
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par Judith PERRIGNON
publié le 17 novembre 1998 à 14h12
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