C'est un partage des rôles bien orchestré. Depuis le début de
l'offensive contre le maintien de Roland Dumas à la tête du Conseil constitutionnel, le gouvernement se tait, feint l'indifférence. Mais les socialistes, eux, parlent. De plus en plus. Après François Hollande, premier secrétaire du PS, après le député Arnaud Montebourg, après les jeunes parlementaires, c'est Jean-Christophe Cambadélis, numéro deux de la rue de Solférino, qui, dimanche soir sur France 3, est monté à l'assaut, proposant «une solution transitoire», par exemple «un président par intérim». Cette prise de position, venant de la part d'un fidèle de Jospin, est un signal clair. Non seulement le Premier ministre n'est pas embarrassé par ces déclarations, mais, en plus, il les approuve au moins tacitement. Pour une raison simple: alors que le chef du gouvernement s'estime tenu au silence, de telles expressions permettent au camp socialiste de ne pas laisser le monopole du débat aux seuls Peyrefitte et Giscard d'Estaing. Et de se remettre en cohérence avec le «droit d'inventaire» qu'il avait lui-même formulé à propos de l'héritage mitterrandien.
Jospin a trois raisons de rester coi. Un: il souhaite maintenir une totale séparation entre Matignon et le Conseil constitutionnel, dont il ne nomme aucun membre et qui est amené à juger les lois élaborées par ses ministres et votées par sa majorité. Deux: au moment où il cherche à réconcilier la famille socialiste, il ne veut pas attaquer de front la mitterrandie