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Libération
Analyse

Comme un défaut dans la cuirasse.

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A force de ne vouloir froisser personne, Jospin risque, à terme, de s'affaiblir.
publié le 23 novembre 1998 à 14h12
(mis à jour le 23 novembre 1998 à 14h12)

Jospin, c'est le culbuto de la République. Il bouge à tous vents, se balance de gauche à droite et de droite à gauche, se plie et se cabre mais il revient toujours en place et demeure au faîte des sondages. ça irrite à l'Elysée, où l'on n'en finit pas d'attendre la chute qui ne vient pas et où l'on commence à s'impatienter. Il y a quelques semaines, Dominique de Villepin, secrétaire général du lieu, expliquait une nouvelle fois à ses visiteurs que, cette fois, ça y était, c'était le début de la fin, les lycéens allaient faire trébucher Jospin, qui ne s'en relèverait pas. Et puis, rien n'est venu. Chômeurs, routiers, pilotes d'Air France, sans-papiers, collégiens, professeurs, rien n'y fait. Les grognes s'expriment, éparses, Jospin tient. D'autant mieux qu'il sait que, pour l'heure, aucune alternative politique sérieuse ne le menace. Les épreuves qui se profilent, demain, SNCF en tête, y changeront-elles quelque chose? Salomon. Depuis dix-sept mois qu'il est aux affaires, le chef du gouvernement en tient pour «l'équilibre». Il en a fait sa méthode, son sésame, l'axe de sa politique, encore baptisée parfois «pragmatisme de gauche». Ni trop ni pas assez, Jospin cherche à conserver le rythme en gardant la mesure. Il revisite la mémoire française, ce qui est une façon de marcher, mais il se garde des sujets trop brûlants ­ l'Algérie ou Mitterrand ­ qui seraient «de nature à diviser» les siens. «Gardons-nous, entre socialistes, des polémiques vaines où chacun cherche à blesser et