Depuis près de trente ans, Michel Rocard dénonce «l'archaïsme» de François Mitterrand. Depuis 1986, il dénonce également son «bilan moral». D'interview en entretien, il n'a jamais changé de credo. L'ancien président a régné pendant deux septennats, il est mort et enterré, ses biographes ont déjà eu le temps de publier plusieurs sommes le concernant, mais Michel Rocard veille à remettre systématiquement le couvert: de sa part, c'est une croisade sans fin.
Si Michel Rocard bataille une nouvelle fois avec les derniers compagnons de l'ancien président, c'est parce que celui qui a été le souffre-douleur des mitterrandistes, souffre plus encore qu'on ne lui reconnaisse aucune véritable paternité dans l'histoire moderne de la gauche.
C'est l'histoire d'un père oublié, qui aimerait être reconnu par ses enfants. Quand la gauche réforme, Michel Rocard aimerait qu'on y reconnaisse sa trace. Mêmes ses propres camarades regardent déjà ailleurs et les médias l'oublient. C'est tout simplement insupportable.
Alors Michel Rocard réagit en hérétique blessé, qui jamais n'adjurera, ni sa foi réformiste, ni son antimitterrandisme.
Plus cathare que huguenot d'ailleurs, il semble adhérer à l'existence de deux règnes, l'un invisible, spirituel et lumineux, excluant le mal, dont il se voudrait avoir été l'incarnation en politique et l'autre visible, matériel, ignorant le bien, fait de souillures et de perversités dont François Mitterrand serait l'un des représentants majeurs. L'enfer serait donc de ce m