Consultant auprès des médias via sa société JLM Conseil, ancien directeur général de l'institut BVA, prof à Sciences-Po, Jean-Louis Missika a été chargé par Catherine Trautmann d'un rapport sur les missions de l'audiovisuel public. Remis en décembre dernier, il a servi de base de réflexion au projet de loi.
Le projet de loi Trautmann, que vous avez en partie inspiré, vous enthousiasme-t-il?
Je n'en suis pas l'inspirateur, même si on y retrouve des éléments de mon rapport comme le contrat d'objectifs ou le recentrage sur les missions de service public. Vous connaissez un projet de loi enthousiasmant? C'est forcément le résultat d'une série de compromis, de choix douloureux" Mais ce texte a au moins un avantage: il n'est pas inconsistant, il a un axe directeur qui provoque le débat. Pourquoi la notion de «missions de service public» est-elle devenue si floue?
Ça s'est érodé petit à petit. A ses débuts, la télévision a été un monopole d'Etat à cause de la pénurie des fréquences et du coût du réseau. Simultanément, l'Etat-providence prenait son essor, ainsi que le grand mythe éducatif de la «culture pour tous». Il y avait une unité naturelle entre la structure, la mission et la nature des programmes. La machine commence à se déglinguer avec l'éclatement de l'ORTF en 1974 et l'apparition d'un début de concurrence entre les chaînes publiques. Le principe de la «culture pour tous» est abandonné quand on s'est rendu compte qu'un jeu faisait trois fois plus d'audience qu'une pièce de théâtre. En plus, il y avait maldonne démocratique, puisque le journal télévisé était