Professeur de droit constitutionnel et de droit public à
l'université de Paris-X, Guy Carcassonne revient sur la polémique qui entoure la ratification du traité d'Amsterdam.
La révision constitutionnelle préalable à la ratification du traité d'Amsterdam correspond-elle à un début d'abandon de souveraineté nationale?
Ce n'est pas un début: Maastricht allait déjà plus loin. Et ce n'est pas un abandon de souveraineté, car il vaut mieux se mettre à plusieurs pour exercer un pouvoir réel plutôt qu'être seul à exercer un pouvoir en fait impuissant. On est en train de marcher sur la tête: le passage des votes du Conseil européen de l'unanimité à la majorité servira les intérêts français par rapport à la réalité européenne. Les décisions à l'unanimité font la part belle aux petits pays, aux pays périphériques (je pense, par exemple, au Danemark ou à la Finlande, qui ne sont pas sous la même pression des flux migratoires) ou des pays qui ont récemment adhéré à l'Union européenne. La France ne fait pas partie de ces catégories. Au contraire, les décisions à la majorité bénéficient aux pays qui, comme la France ou l'Allemagne, sont au centre historique, géographique et politique de l'Europe. Donc, non seulement le traité d'Amsterdam n'est pas une menace pour la France, mais cela lui permettra de mieux défendre ses points de vue. On ne peut imaginer une décision prise contre la France dans ce cadre. On ne peut imaginer, comme certains veulent le faire accroire, qu'une «coalition» de petits