L'un est venu en métro, l'autre en voiture avec chauffeur et garde
du corps. Ils se sont retrouvés à quelques dizaines de mètres de leur lieu de rendez-vous, une grande brasserie près de la gare du Nord à Paris. Daniel Cohn-Bendit, à son initiative, et Robert Hue se rencontraient pour la première lundi soir, à l'heure du dîner. Les deux ne se connaissent pas ou guère. «Il me proposait un restaurant à l'Odéon, explique le numéro un du PCF. C'est un endroit qui ne marchait pas du point de vue des symboles.» Et le symbole, pour les communistes, c'est le rouquin de Mai 68, entre le Boul' Mich' et la rue Gay-Lussac, que Georges Marchais qualifiait d'«anarchiste allemand» dans les colonnes de l'Humanité. Dany le Vert a dû récemment avouer que «Hue, ce n'est pas Marchais».
Tutoiement. Encore sur le trottoir, Hue tend à son hôte une dépêche de l'AFP où Alain Madelin, le président de Démocratie libérale, salue «l'approche libérale» de la tête de liste des Verts aux élections européennes. «Tu as vu, Madelin t'a glissé une peau de banane.» Le tutoiement est de rigueur. Attablés, la conversation roule. L'un dit son opposition à «toute Europe fédérale». L'autre explique que les Verts sont favorables au principe du transfert de souveraineté du traité d'Amsterdam. Le fossé est profond. Cohn-Bendit approuve l'indépendance de la Banque centrale européenne au nom, dit-il, «de la démocratie qui est l'organisation du rapport de forces entre l'économique, la finance et le politique». Gentiment, le