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Portrait

Patrick Devedjian, l'amer RPR

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Patrick Devedjian, 54 ans. Il n'en a pas fini avec le génocide arménien et tient plutôt bien, à l'Assemblée, le rôle de l'intelligent de droite.
publié le 7 décembre 1998 à 18h46

Paris, 1968, au mois de mai. Patrick Devedjian vouvoie sa fiancée. Sophie Vanbremeersch est aussi blonde, lumineuse, qu'il est ombrageux et cassant. Elle est fille d'un officier, déporté à Buchenwald, et futur chef d'état-major particulier à l'Elysée. Elle a le goût du bonheur. «Chez elle, il y avait une maison dans le Midi, pleine de cousins, de rires. D'amour.» Pendant que «des enfants gâtés organisent un gros monôme du bac», Patrick Devedjian, fils d'exilé arménien, s'apprête à passer son dernier examen de bon Français, l'Ecole des officiers de réserve qui fera de lui un gendre comme il faut. Il offre à Sophie Rêveuse bourgeoisie, un roman déprimant de Drieu la Rochelle. L'histoire d'un couple qui sombre dans la médiocrité, par veulerie, par conformisme. Ce qu'il abhorre et ce qui fonde son engagement. Devedjian n'est pas conservateur. Il est de droite, libéral. «Dans la dialectique de la liberté et de l'égalité, je donne la priorité à la liberté.» Se battre, monnayer ses talents, conquérir une place au soleil.

Patrick Devedjian a 54 ans, quatre enfants «réussis», un pavillon en banlieue et un castelet dans le Gers. Il se sait intelligent, n'a pas volé ses mandats de député-maire ni sa robe d'avocat. Trente années de RPR n'ont pourtant pas fait de lui un notable. Même pas le bourgeois qu'il prétend être. «Bourgeois, c'est comme ça que les gens de gauche voient ceux de droite, non? Conformistes, bien insérés socialement.» Son défaut, en politique, c'est d'être «unique», dit