L'employé tend laconiquement le combiné: «Tenez, c'est pour vous.»
Hier matin, une vingtaine de chômeurs vient tout juste d'investir une antenne Assedic à Villejuif (Val-de-Marne). Jean-Baptiste, militant de l'Apeis, prend l'appareil: «Non, on n'a rien cassé" Moi non plus, je ne souhaite pas que cela se passe comme à Marseille.» L'entretien est bref. Le contact est noué, tant avec la direction qu'avec la police. «On se connaît, depuis l'année dernière», sourit Malika, jeune femme brune et l'un des piliers de l'association d'aide aux chômeurs. Les manifestants s'installent sur les chaises et commencent à bricoler des banderoles. Comme si de rien n'était, les employés reçoivent d'autres chômeurs venus remplir un dossier ou obtenir un renseignement. Le numéro 25 clignote. Ticket en main, un peu éberlué, un homme regarde la salle, hésite. «Euh" c'est à moi ou c'est à vous?» Pas de réponse. Les occupants sont trop affairés. Il faut remplir les dossiers de demande d'urgence. Les imprimés circulent. Ce sont ceux du Fond social d'urgence de l'année dernière, aujourd'hui disparu. Malika s'impatiente. «Vite! Ils vont bientôt nous évacuer.» Cadenas. Les renforts arrivent, une vingtaine d'autres chômeurs. «Pff" Y avait des bouchons partout», râle, tout essoufflée, Sylvette. Les nouveaux sont passés faire des courses chez Leroy-Merlin. Des sacs en plastique, ils retirent chaînes et cadenas, «pour bloquer les portes». Jacques, 56 ans, ancien maître ouvrier, est là, comme l'hiver derni