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Libération

A l'heure du vote, chacun dans son camp"" sauf trois.

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publié le 10 décembre 1998 à 19h16

Ils étaient là, tout en haut à droite, coupés du monde et de

l'hémicycle. Charles Millon et Jean-Pierre Soisson étaient venus pour voter contre le Pacs, avec leurs 247 collègues de l'opposition. Hier, à droite, seuls Alain Madelin (DL) et Jean-Louis Borloo (UDF) se sont abstenus, ce dernier ne croyant qu'à une loi, «celle de l'amour». Et, comme elle l'avait proclamé, Roselyne Bachelot a joint sa voix à celles des 315 députés de gauche. Ceux-ci se sont levés pour s'applaudir, et Roselyne est restée assise.

Deux mois au lieu des quelques heures annoncées pour adopter la «grande réforme de société», selon l'expression du PS, sans en passer par la mairie et en invitant les fratries: c'était sans doute le prix à payer pour que soit inscrit dans le code civil qu'un couple peut être constitué de «deux personnes de sexe différent ou de même sexe».

Fantasmes. En 70 heures de débat, le mot «homosexuel» a été prononcé plus d'une fois par minute. Tous les fantasmes ont été déclinés, décortiqués, déformés, du couple de moustachus accompagnant leur enfant adopté à l'école à l'invasion d'homosexuels basanés sur notre territoire. Ce débat aura eu les mérites d'une psychanalyse sauvage: «Je ne suis plus le même», reconnaissait un député de Démocratie libérale, sous couvert d'anonymat. Les années à venir diront si le Pacs n'est qu'«une provocation sémantique, un dispositif qui ne sera jamais appliqué», comme l'affirme Renaud Donnedieu de Vabres (UDF, Indre-et-Loire). Si, comme le déclare Patrick