«Strauss-Kahn a annoncé d'abord une croissance de 3%, puis une
prévision officielle de 2,7%, maintenant, il parle de simple "cible de 2,7% et s'apprête à évoquer un chiffre de 2,5%" Il se livre à ce qu'on pourrait appeler un glissement progressif du déplaisir.» Certes, le haut fonctionnaire qui persifle ainsi n'est pas de gauche; mais son analyse ironique sur la façon dont le gouvernement prépare les esprits est largement partagée à l'Insee ou à la «DP» (direction de la prévision), les deux administrations de Bercy chargées de prévoir l'avenir. Clairement, le capitaine du navire Bercy s'est engagé depuis quelques jours dans l'une des manoeuvres les plus délicates qu'il ait jamais eu à accomplir, une sorte d'empannage rapide par vents instables.
Impact. Le temps presse: dans une semaine, le vendredi 18, l'Insee annoncera sa prévision de croissance pour le premier semestre 1999. Or l'impact de la crise des pays émergents étant plus fort que prévu, cette prévision devrait être sensiblement inférieure à l'hypothèse du gouvernement: probablement entre 2,3% et 2,5% (en rythme annuel). Or la différence entre 2,7% et 2,3% de croissance est politiquement énorme. Dans le premier cas, le chômage baisse, dans le second, il remonte (1).
Pour DSK, tout le problème est donc de faire passer le message sans désespérer les consommateurs. Ce sont en effet eux qui, actuellement, tirent l'économie. L'entourage du ministre a les yeux rivés sur l'indice de confiance des ménages. Jusque-là, les mauv