Paris avait sorti le pilon pour écraser une mouche. Tous les ponts
sur la Seine étaient bien gardés par des rangs serrés de CRS et de gendarmes mobiles, retranchés derrière des grilles amovibles. En face, les chômeurs ont dû s'arrêter au pied de la tour Eiffel et se contenter de brandir leurs banderoles consacrées aux articles 23 et 25 de la Déclaration universelle des droits de l'homme, sur le droit au travail et à un niveau de vie suffisant. Loin du palais de Chaillot où se déroulait justement la cérémonie de clôture du 50e anniversaire de la Déclaration. Une pancarte autour du cou, un homme s'est approché précautionneusement: «50e anniversaire des Droits de l'homme, à quand l'application?», avant de tourner les talons. Hier, la manifestation des chômeurs organisée à l'appel des collectifs AC!, Apeis, MNCP et des comités CGT a réuni un peu moins de 2 000 personnes à Paris. «Un peu riquiqui», admettait Christophe Aguiton, leader d'AC! «C'est la première manif à Paris. L'an dernier, nous avions démarré plus tard et pas plus nombreux», se rassurait Richard Dethyre, président de l'Apeis. «Ça ne change rien, l'appel était juste», tranchait Arlette Laguiller (LO), qui avait accordé son pas à celui de son rival de longue date, Alain Krivine (LCR). Derrière la banderole «Vous voulez des misérables secourus, nous voulons la misère supprimée», Henri Malberg, président du groupe communiste au conseil de Paris, désignait la foule du menton: «La gauche est devant un vrai problème. Ces