Les élus corses hurlent, le gouvernement traîne les pieds, les
menaces anonymes pleuvent, mais les députés ne fléchissent pas. Lundi, embrayant sur les travaux du Sénat, la commission des finances de l'Assemblée nationale a fait savoir que l'exception fiscale corse avait des limites. Aujourd'hui, une majorité de l'hémicycle devrait voter la dernière mouture d'un amendement aussi iconoclaste pour les insulaires que trivial pour les continentaux: à partir du 1er janvier 2000, les Corses devront déclarer leurs biens reçus en héritage (y compris leurs biens immobiliers), comme tous les Français, sous peine de sanction. Une mesure que le RPR et les radicaux de gauche combattent. Sauf revirement de dernière minute, le gouvernement va, par la voix du secrétaire d'Etat au Budget Christian Sautter, s'en remettre, pour la seconde fois, à «la sagesse de l'Assemblée». Charles Amédée de Courson (UDF) jubile: «La messe est dite, l'amendement va passer.» C'est lui qui, il y a deux mois, a saisi la commission des finances de l'Assemblée sur le sujet, déclenchant une bagarre où le lobby corse s'est employé à désarticuler les familles politiques.
Toilettage sacrilège.Tout commence le 17 octobre. Courson, membre de la commission d'enquête sur la gestion des fonds publics en Corse, interpelle ses collègues: «Y a-t-il des républicains dans la salle?» Il détaille une situation insulaire qualifiée d'«ahurissante» par le rapport parlementaire: sur 1 300 décès en Corse-du-Sud, 168 déclarations de succ