Déjà six séances de travail et aucun claquement de porte: le
gouvernement continue de croiser les doigts. Hier matin, réunis au Commissariat au plan dans le cadre de la «mission de concertation» voulue par Lionel Jospin, syndicats, patronat et caisses de retraite se sont de nouveau penchés sur les retraites. Cette concertation, entamée le 8 octobre, devra déboucher sur un rapport final, prélude à une réforme d'ampleur en mars 1999, après un «diagnostic partagé», selon l'expression favorite de Matignon. «La méthode a presque plus d'importance que le fond», estime-t-on au gouvernement, «Avec la sienne, Alain Juppé nous a fait perdre quatre ans.» D'où une démarche prudente: jusqu'ici, la commission a étudié l'organisation des régimes, la démographie et les perspectives de croissance. Elle attaque désormais les sujets qui fâchent avec l'examen des comptes des retraites de fonctionnaires et de onze régimes spéciaux. Et les projections financières, réalisées pour la première fois jusqu'en 2040, sont cauchemardesques.
La fonction publique tient ferme la palme de l'horreur. En 2040, le rapport actifs-inactifs sera dans ce secteur dramatiquement inversé: huit cotisants pour dix pensionnés. Tout ça parce que le «papy boom» intervient après 2005, que la durée de vie s'allonge, que, dans la fonction publique, l'âge de la retraite vient plus tôt qu'ailleurs (en moyenne 58 ans et 4 mois). Qui plus est, le nombre d'années de cotisations y est inférieur au privé (37 ans et demi contre 40 ans