Depuis une semaine, Pierre Gosnat est maire d'Ivry-sur-Seine
(Val-de-Marne). Double événement! Depuis 1925, la ville n'avait connu que deux maires, communistes comme le nouveau. Et Pierre Gosnat, âgé de 50 ans, est fils de l'ancien trésorier du Parti et petit-fils d'une figure historique de la ville. En trois générations, la saga des Gosnat raconte soixante-dix ans de communisme à Ivry, 56 000 habitants.
Le grand-père s'appelait Venise. Il était forgeron, aux fonderies de canons des établissements militaires de Bourges, dans le Cher. La Première Guerre l'avait laissé gazé, syndicaliste, révolutionnaire et pacifiste. Une accumulation qui lui coûta son poste. Indésirable dans la région, il rejoint Ivry, en 1928, avec sa femme, Alice.
Tuberculose. Trois ans plus tôt, la ville s'était donnée un maire communiste, Georges Marrane. Depuis 1840, le boom industriel avait attiré quantité d'usines, de forges, de fabriques. La ville était peuplée à 60% d'ouvriers. Les buvettes débordaient des trottoirs. Les accordéonistes jouaient, 10 centimes la java, aux sorties d'ateliers. Mais la misère battait aussi le pavé. «A l'arrivée de Marrane, raconte Jacques Laloë, maire de 1965 à samedi dernier, le taux de tuberculose était parmi les plus élevés d'Ile-de-France. Marrane a mis en place une politique de prévention et de soins. Dix ans plus tard, la proportion de tuberculeux était aussi basse à Ivry que dans le XVIe arrondissement parisien.» Des microbidonvilles bordaient pourtant la ville. Les a