Depuis plusieurs semaines déjà, Jean-Louis Gentile, directeur de
cabinet de Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, ne fréquentait que par intermittence le Palais-Bourbon. Sa démission, en date du 20 novembre, mais rendue publique hier, est révélatrice des difficultés actuelles du gouvernement avec le Parlement (Libération du 23 décembre 1998). Elle traduit aussi des différences d'analyse entre Matignon, le groupe socialiste et le ministère des Relations avec le Parlement de Daniel Vaillant, sur le rôle de l'Assemblée nationale et des députés de la majorité. «Travail de Sisyphe». Contacté au téléphone en Guadeloupe, Jean-Louis Gentile, hier, avait la dent dure: «Lionel Jospin et son entourage n'ont jamais pris la mesure de la gestion de l'Assemblée en période de cohabitation.» Spécialiste de l'hémicycle, qu'il fréquentait depuis plus de trente ans, cet homme au caractère pour le moins trempé estime avoir «mené durant des mois un travail de Sisyphe. Au bout d'un moment, ça lasse». Il affirme ne pas avoir été écouté lorsqu'il proposait la suppression des «niches parlementaires» ces temps réservés à l'examen des propositions de loi , des travaux resserrés sur trois jours seulement ou un allégement du calendrier. «Or, dit-il, je constate que mon point de vue a fini par s'imposer" dommage qu'il ait fallu en passer par des ratés sur le Pacs, l'audiovisuel et réussir à excéder une majorité de députés qui ont le sentiment de mal travailler.» Le