Les déclarations fracassantes de l'ancien président de la République, Valéry Giscard d'Estaing, à propos de l'«affaire» Dumas, sur le pseudo-pouvoir de révocation du président du Conseil constitutionnel par le chef de l'Etat, soulignent à un double titre sa méconnaissance de la Constitution. D'une part, elle garantit l'indépendance de cette haute juridiction par l'inamovibilité de ses membres, seuls compétents à démissionner l'un d'entre eux s'il manque à l'obligation de réserve. D'autre part, l'ancien chef d'Etat méconnaît son propre statut, qui l'astreint à la même obligation.
Pour comprendre ce problème, il faut faire un rapide retour en arrière. Soucieux de donner un statut aux anciens présidents de la IVe République et, peut-être, de s'assurer de leur silence le général de Gaulle décida qu'ils seraient membres de droit du Conseil constitutionnel. René Coty y siégea jusqu'à sa mort, Vincent Auriol n'y parut que de manière épisodique avant de ne plus y siéger après la crise du 16 mars 1960, suite au refus du général de convoquer en séance extraordinaire le Parlement. Il n'y revint qu'une fois, le 6 novembre 1962, lors de l'examen du projet de loi référendaire instituant l'élection du président de la République au suffrage universel, qu'il condamnait voulant démissionner pour manifester son opposition au général de Gaulle, celui-ci lui indiqua qu'étant membre à vie, c'était impossible" Notons que Vincent Auriol revendiqua, début 1959, que les anciens chefs de l'Etat n