Jean-Jacques Gleizal, professeur de droit à l'université Pierre
Mendès France de Grenoble, élu municipal (PS) de la ville, est spécialiste des questions de police et de sécurité. Il est responsable d'un cours «Théorie de la sécurité» à l'Ecole supérieure de la police nationale.
La «révolution culturelle» des élus socialistes sur les questions de sécurité débute-t-elle, selon vous, avec le colloque de Villepinte (1)?
Je ne pense pas. Elle remonte au début des années 80. La gauche s'était violemment opposée quelques années plus tôt à la reconnaissance du sentiment d'insécurité, qui inspirait la loi «sécurité et libertés» d'Alain Peyrefitte. Les socialistes se battaient contre ce qu'ils appelaient une politique sécuritaire. Ce clivage est resté jusqu'à la présidentielle de 1981. Dans le programme commun de la gauche, on trouve encore des mesures très hostiles à la police: démantèlement des Renseignements généraux et rattachement de la police judiciaire au ministère de la Justice. Puis, une fois au pouvoir, le PS évolue en deux étapes importantes. Un an après l'élection de François Mitterrand, Gilbert Bonnemaison, député-maire d'Epinay-sur-Seine, rend un rapport qui reconnaît l'existence de l'insécurité et préconise une politique de prévention de la délinquance. Ensuite, Gaston Defferre engage la réforme de la police nationale, en misant sur un changement en profondeur de la formation des policiers. La vraie révolution culturelle est là: quand les socialistes découvrent la police.