François Mitterrand était un homme prévoyant. Avant sa disparition,
il y a trois ans, l'ancien président de la République avait songé à perpétuer sa mémoire. Il est lui-même à l'origine de l'institut qui porte son nom, présidé par l'un de ses fidèles, Roland Dumas. La fondation organise à partir d'aujourd'hui un colloque de trois jours sur les premières années du premier septennat sous un titre nostalgique: «Changer la vie». Un slogan du jeune parti d'Epinay des années 70.
Selon ses statuts, l'Institut François-Mitterrand (IFM) a pour but de «contribuer à la connaissance de l'histoire politique et sociale de la France contemporaine». Dans les faits, il tente de prolonger et de défendre la mémoire et l'action de l'ex-chef de l'Etat. «Quand on parle de François Mitterrand, les éléments passionnels surgissent. Nous voudrions garder le côté passionnant et ôter l'aspect passionnel», explique Dominique Bertinotti, la secrétaire générale de l'IFM.
Le conseil d'administration, où siègent de vieux grognards du mitterrandisme comme Michel Charasse, est aussi très «familial»: Mazarine Pingeot, sa fille, et Gilbert Mitterrand, l'un de ses fils, en font partie. Comme quoi avoir l'ambition d'immortaliser le souvenir n'exclut pas de vouloir le contrôler. «J'ai l'immense responsabilité d'avoir été chargée par mon père de son droit moral. Je dois veiller au respect et à la promotion de ses oeuvres», expliquait en 1996, la fille de François Mitterrand.
Dans cette période où l'ère de l'ancien prés