Bruno Aubusson de Cavarlay est ingénieur de recherches au CNRS et
chercheur au Cesdip (Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales). Spécialiste de la statistique pénale, il est, par ailleurs, président de Pénombre, une association qui examine l'utilisation des chiffres.
Les derniers éléments chiffrés de la police et de la gendarmerie font apparaître une hausse de 11% de la délinquance des mineurs. Comment analysez-vous ce chiffre?
Depuis quinze jours, la presse fait état d'une forte hausse de la délinquance des mineurs. Les estimations actuelles vont du simple au double. Aujourd'hui 11% d'augmentation; il y a quinze jours, le ministère de l'Intérieur affichait une hausse de 20%. Il faut savoir que cette augmentation est attendue depuis le milieu de l'année passée. C'est la suite logique des circulaires qui demandent un signalement systématique et accru des mineurs délinquants aux parquets. Or, l'enregistrement de cette délinquance par la police n'a lieu que si une procédure est transmise à la justice. Un signalement plus systématique se traduit automatiquement par une hausse des statistiques. Dans ces conditions, une baisse de la délinquance enregistrée aurait été inquiétante! Par ailleurs, un chiffre d'augmentation globale n'a pas de signification tant qu'on ne connaît pas la répartition par type d'infractions.
Que signifient alors ces chiffres?
Ils sont incertains. La pratique qui consiste à diffuser des chiffres portant sur onze mois de l'année