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Libération

Délinquance des mineurs: Chevènement sert la soupe aux chiffres. Les comptes du ministre de l'Intérieur (+ 11%) diffèrent de ceux de la police (+12,18%).

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publié le 15 janvier 1999 à 23h11

Jean-Pierre Chevènement n'a pas senti l'ombre d'un désaveu. Que le

Premier ministre ait dit jeudi soir sur TF1 son refus de suspendre les allocations familiales pour les familles de délinquants ­ mesure pour laquelle le ministre de l'Intérieur plaidait encore le jour même ­, qu'il ait jugé la prison «criminogène» pour les mineurs, alors que la place Beauvau plaidait pour un élargissement de la détention préventive, rien de tout cela ne l'ébranle.

A la question «Vous êtes-vous senti désavoué?», Chevènement a répondu, hier, à la sortie de Matignon: «Pas du tout. Il n'a rien dit d'autre que ce que j'ai dit. Il faut appliquer la loi.» Avec son couplet sécuritaire et son agressivité contre Daniel Cohn-Bendit, le ministre de l'Intérieur a tout de même mis une jolie pagaille dans la majorité plurielle. Accueilli en miraculé le 4 janvier par un gouvernement heureux de s'afficher autour de lui, Jean-Pierre Chevènement a réussi en une petite dizaine de jours à agacer certains de ses collègues ministres ­ comme Elisabeth Guigou, Martine Aubry ­, le Parti socialiste, qui n'a pas tardé à faire entendre sa différence, et, naturellement, les alliés, au premier rang desquels les Verts. Car, en plus de la chasse aux délinquants, il se sent visiblement investi d'une autre mission, que ses amis ont baptisée TSCB («Tout sauf Cohn-Bendit»). Là encore, Lionel Jospin, qui ne veut pas de désordre dans son camp, a cru devoir réparer. Il s'est même forcé à dire sur TF1 qu'il «aime» bien Dany le Vert.