Guesnain, envoyé spécial.
Le buste de Lénine trône toujours sur la table de la salle à manger où flotte une tenace odeur de mazout dégagée par le poële. Gérard Soulliaert se raccroche à ce morceau de bronze pour mieux montrer que, lui, est resté «communiste». Malgré son exclusion, après vingt-sept années de militantisme, de la cellule «Maurice Thorez» de Guesnain, près de Douai, pour avoir contesté la ligne appliquée par Robert Hue. Il a rejoint dans la foulée quelques-uns de ses camarades passés dans le camp adverse, chez les ennemis irréductibles des staliniens d'antan, à la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) d'Alain Krivine. Simplement parce que, dans cette «banlieue rouge» de Douai où le PCF régentait tout, la stratégie suivie par la nouvelle direction est jugée trop «molle».
«Révolutionnaire». «Ils nous entraînent vers la social-démocratie et font le lit du PS. Même le journal du PC du Nord a laissé tomber la faucille et le marteau qui était avant en première page. On était d'accord pour entrer au gouvernement quand la question nous a été posée mais pas pour faire cette politique-là», s'énerve ce fils de mineur dans une région qui a vu ses puits fermer les uns après les autres.
«Moi je reste communiste et révolutionnaire», renchérit à ses côtés Eric Gola, dont le grand-père polonais est arrivé en 1923 pour travailler «à la fosse». Eric Gola est le premier à avoir franchi le pas, au lendemain des régionales de 1998. Alors que les caciques locaux du PCF prônaient l'allia