Pour le lancement, hier, de leur campagne européenne, les deux chefs
de file de l'extrême gauche française, Alain Krivine, de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), et Arlette Laguiller, de Lutte ouvrière (LO), avaient décidé de bien faire les choses. Pas question pour présenter à la presse cette liste commune de se réunir dans une salle quelconque sous des néons blafards. Les deux candidats de la «gauche radicale» ont donc opté pour le cadre confortable de l'hôtel Concorde Lafayette à Paris, à la clientèle pas vraiment prolétarienne, pour y marteler leur message «anticapitaliste».
«Notre liste se situe sur le terrain de l'opposition radicale à la politique de tous les partis», de droite comme de gauche, «qui mènent leur action en fonction de la gestion capitaliste de la société», a dénoncé la porte-parole de LO pour qui, entre Juppé et Jospin, «c'est la même politique qui continue, de subventions au patronat et d'exonérations fiscales. J'espère que cette politique heurtera une partie des électeurs socialistes». Face aux «tous dans le même sac» défendu par ses cousins de la IVe internationale (trotskiste), Alain Krivine a tenu à rappeler que «l'adversaire, c'était la droite et l'extrême droite. Mais il est vrai que la gauche multiplie les concessions à la droite et au patronat». Pour lui, il y a «urgence en Europe» où se multiplient les offensives patronales et où, «à travers les traités de Maastricht, d'Amsterdam ou le pacte de stabilité, l'idée de l'Europe est discrédité