Menu
Libération

Antichevènementisme gouvernemental. Guigou, Aubry et Bartolone ont pris leurs distances avec leur collègue.

Article réservé aux abonnés
publié le 19 janvier 1999 à 23h13

Les mineurs délinquants ont été à l'honneur hier, lors des voeux à la

presse des ministres. Et à mots couverts, ce sont les propos de Chevènement sur le sujet qui étaient visés. «Je ne veux pas polémiquer avec Jean-Pierre Chevènement sur un sujet aussi grave», a d'abord déclaré, hier matin, Elisabeth Guigou. Pour ajouter aussitôt, le contredisant: «Avec le dispositif existant, je ne vois pas quoi créer de plus.» Sur l'éloignement des mineurs récidivistes, elle s'est également démarquée de son collègue: «II faut sortir du manichéisme. L'éloignement évidemment, mais avec un but. Et il faut savoir que ce ne peut être que pour les réinsérer.»

Presque à la même heure, Martine Aubry a renchéri: «Certains actes de délinquance ou d'incivilité sont parfois, parfois seulement mais il faut quand même le dire, des réactions à un sentiment d'injustice.» A ces actes, il faut, selon elle, une réponse «rapide mais aussi graduée». Mais, s'est-elle aussi interrogée, «comment la République peut-elle être entendue dans certains quartiers, lorsqu'elle rappelle à juste titre les devoirs de chacun, lorsqu'elle-même ne remplit pas les siens?». Claude Bartolone, le ministre délégué à la Ville, a ajouté son grain de sel: «En nourrissant le fantasme collectif de l'insécurité, on risque d'aggraver la situation en stigmatisant les jeunes.» Jean-Pierre Chevènement a conclu la journée en présentant à son tour ses voeux. Manifestement adouci, il a annoncé qu'il avait adressé une circulaire aux préfets pour